samedi 26 septembre 2015

Ma plume 4

Du point de vue de la rose


Rose rouge ou rose rose, je ne le sais point. Pétale par pétale, elle se dégarnit. Pourtant la pauvre, elle n'a rien fait. De bourgeon à fleur, elle est enfermée dans ce bocal. Il est beau, certes, mais une prison reste une prison. Ses parents ont conclu un marché, elle n'aurait point la vie éternelle, mais ne pourrirait pas. Seulement, c'est avec le diable qu'ils ont fait ce pacte. Et depuis qu'elle a éclos, la voilà en train de subir, jour après jour, le regard triste de la bête. Elle sait que jadis, il était beau, que c'était un prince. Mais l'ambition et le pouvoir l'ont détruit. De fait, pour que les deux soient libérés, le monstre devait trouver l'amour et la paix avant que ses pétales ne prennent fin. La rose savait que c'était vain. Qui pourrait aimer une horreur pareille ? Pourtant, pendant 23 jours, elle ne vit plus la bête. Pourquoi, que s'est-il passé ? Le jour d'avant, il pleurait encore tout près d'elle. Une seconde avant que le dernier pétale prenne raison d'elle, la rose vit par la fenêtre le monstre embrasser une fille vêtue de guenilles. La rose tomba verte de jalousie. Elle l'aimait cette bête atroce. Et c'est ainsi que son cœur pourrit.

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